Webber a ignoré des consignes d'équipe à Silverstone

Dimanche lors du Grand Prix de Grande-Bretagne, alors que Fernando Alonso filait vers sa première victoire de la saison et que Sebastian Vettel assurait une deuxième place bénéfique, Mark Webber est revenu très rapidement dans les échappements de son coéquipier et a même tenté à plusieurs reprises de dépasser son coéquipier, le faisant augmenter sa cadence pour le final, sous peine de perdre sa position face à son partenaire de garage.

Au terme de la course, Webber a reconnu que son équipe lui avait pourtant demandé à plusieurs reprises de rester derrière Vettel pour assurer des points importants à Red Bull plutôt que de prendre le risque de s'accrocher, comme cela leur était arrivé l'an dernier en Turquie. Mais Webber n'a pas écouté et assume pleinement son attitude, bien que cela n'ait pas plus du tout à son écurie. Pour lui, l'énorme avance de Vettel au championnat ne permet à personne d'assurer sa position, cela force tout le monde à partir à l'attaque, et en particulier Webber lui-même, puisqu'il est largement dominé par son coéquipier cette saison malgré qu'ils aient tous deux la même voiture.

L'australien a aussi rappelé que la situation peut vite évoluer en F1, et que la victoire aurait pu facilement se jouer entre les deux pilotes Red Bull : "Si Alonso abandonne dans le dernier tour, Sebastian et moi nous battons alors pour la victoire ! Il ne faut donc jamais s'avouer vaincu. Bien sûr, j’ai ignoré les quatre ou cinq appels de l'équipe car je voulais essayer de gagner une place. Sebastian faisait de son mieux, je faisais de mon mieux. Je n’allais pas m’accrocher avec qui que ce soit." a rassuré Webber, expliquant également : "J’ai essayé de faire de mon mieux pour passer le gars qui était devant moi. Je veux simplement courir jusqu’au bout. À quelques tours de l’arrivée, ils ont commencé à discuter avec moi et ont essayé de me faire tenir ma position. Je voulais des points mais je voulais aussi en prendre le plus possible."

Interrogé sur ce final tendu, Sebastian Vettel est apparu décontracté et s’est refusé à toute polémique, considérant plutôt que l’attitude de son coéquipier était bonne, tant qu’il n’y avait pas de risque. "Mark a essayé de me doubler mais je pouvais rester devant. On a pu voir qu’il était clairement plus rapide. Si je n’avais pas voulu courir à fond ensuite j’aurais fait des zigzags devant lui, mais ça se serait peut-être mal terminé et c’est la dernière chose que l’on veut faire pour l’équipe. Et d'ailleurs, si c’était l’inverse, j'aurais voulu dépasser Mark aussi - mais inutile de faire quelque chose de stupide. Je ne vois pas pourquoi il y a tant d’histoires. Je pense que nous étions dans la course et c'est tout. Ce n’était pas irrégulier, je suis allé à droite, il est allé à droite, j’ai freiné, il a freiné. Il a essayé de courir du mieux possible, il n’a pas trouvé la solution. Pour moi c’était assez excitant." a commenté Vettel.

Christian Horner, le directeur de Red Bull, reste pour sa part catégorique à ce sujet. Si les consignes d’équipe étaient encore interdites jusqu'à l'année dernière en Formule 1, elles ne restent pas moins critiquables et sont toujours source de polémique. Mark Webber n'a pas hésité à parler de ces consignes, mécontent d'en avoir reçu à ce stade encore peu avancé de la saison, mais Horner estime toujours qu'il ne fallait prendre aucun risque et martèle surtout que ses pilotes se doivent de les respecter.

"À environ quatre ou cinq tours de la fin, nous avons eu le sentiment que c’était allé suffisamment loin comme ça. Du point de vue de l’équipe, il y avait beaucoup de points en jeu sur cette course et cela n’avait absolument aucun sens de prendre le risque de voir nos deux voitures s’accrocher. Nous avons donc estimé que ça en était assez et qu’il valait mieux assurer ces points." a déclaré Horner à Silverstone, sans préciser cependant que cela avantageait toujours Sebastian Vettel, actuel leader du classement. "Au final, l’équipe passe avant tout, personne n’est plus important que l’écurie. Je peux comprendre la frustration de Mark, mais s’il avait été à ma place, il aurait fait exactement la même chose. Une situation similaire s’est produite en Turquie l'année dernière, où Sebastian était exactement dans la même position. Cela n’a aucun sens de notre point de vue de prendre le risque que nos deux voitures s’accrochent, et il était évident qu’aucun d’entre eux n’allait abdiquer."

"D'ailleurs, comme nous l’avons vu avec Massa et Hamilton dans le dernier virage au dernier tour, ils ont frôlé de très près l’accrochage. Donc je le répète, cela n’a absolument aucun sens pour l’équipe d’autoriser ses pilotes à se battre entre eux dans les derniers tours. Mark a choisi d’ignorer nos consignes mais en fin de compte, le championnat des constructeurs est aussi important que celui des pilotes pour nous. Je retiens qu'en permettant à nos pilotes de se battre, nous risquions de perdre 33 points dimanche alors qu'il restait trois tours." a-t-il ajouté. "D'ailleurs, si vous avez bien fait attention en début de Grand Prix, nous avons également donné deux opportunités à Mark lors des deux premiers arrêts, en l’appelant aux stands avant Sebastian. Nous ne les avons pas empêchés de se battre au début de la course, mais quand on est à trois tours de la fin et qu’il y a beaucoup de points en jeu, avec les deux voitures sur le podium, il aurait été vraiment stupide de les autoriser à se battre. Nous voyions que cela devenait très chaud entre eux deux, et nous aurions paru vraiment stupides s’ils s’étaient accrochés."

Horner a conclu en répétant que l'équipe passait avant tout et que ses pilotes doivent écouter les consignes, à présent autorisées : "Je peux comprendre que Mark soit frustré, mais en fin de compte il court pour une équipe. Nous travaillons tous pour cette équipe, personne n’est plus important que l’écurie, et la chose la plus importante est d’optimiser les résultats de l’équipe en se respectant tous."