Maldonado trop agressif (2)
Pastor Maldonado flirte avec les hauts et les bas mais il est évident que lorsque tout s'aligne à la perfection, il est tout à fait capable d'être au rendez-vous, comme à Barcelone (Espagne) où il s'est imposé avec sa Williams-Renault FW34 sans être inquiété outre mesure. Le vénézuélien est indéniablement rapide puisque parfois capable d'approcher la pole position mais il peut aussi se perdre dans les profondeurs du classement, à moins qu'il ne provoque un accrochage. Maldonado est donc capable du meilleur comme du pire !
Arrivé en F1 en 2011 comme "pilote payant" pour son écurie Williams, grâce à l'imposant soutien de son gouvernement et de PDVSA, la principale compagnie pétrolière basée au Vénézuela, Maldonado a néanmoins longtemps stagné dans les catégories inférieures, comme le GP2. Grâce à PDVSA, il a pu conserver son baquet malgré qu'il ait souvent eu des difficultés à progresser rapidement (même s'il était loin d'être le pire de tous ces jeunes pilotes). Bien que montrant une belle pointe de vitesse, Maldonado n'a pas toujours été régulier et est parfois resté loin dans les classements, d'autant que sa fougue, son manque d'impatience et de maturité l'emmenaient souvent dans les décors.
Lorsqu'il a signé pour Williams, peu de personnes s'attendaient à ce qu'il fasse des miracles pour l'écurie car ses difficultés d'apprentissage et ses résultats en dents de scie ne lui donnaient pas raison pour avoir le niveau pour accéder à la catégorie reine du sport automobile, mais il est indéniable que Williams avait besoin de l'argent que lui promettait PDVSA. Cependant, lors de sa première saison, le vénézuélien a pu côtoyer Rubens Barrichello, le pilote le plus expérimenté de toute l'histoire de la Formule 1, et ses progrès se sont bien faits ressentir tout au long de l'année.
Ainsi, lorsque Barrichello a cédé sa place au jeune Bruno Senna pour cette saison 2012, Williams-Renault s'est retrouvée avec deux pilotes très peu expérimentés, capables de faire des manœuvres très osées pour aller chercher de gros points tout comme de percuter un autre concurrent et d'abandonner la course aussitôt. Comme vient de le souligner Mark Gillan, le responsable des opérations en piste de Williams, même s'ils font des erreurs, ces fortes personnalités sont avant tout un point fort et les risques pris payent forcément à une occasion ou à une autre.
Si Senna réussit généralement à bien maîtriser ses ardeurs, c'est moins le cas de Pastor Maldonado, qui a gardé ses travers et sort toujours réulièrement de la piste, ou emboutit d'autres monoplaces. Ceci arrive souvent pendant les essais du vendredi car Maldonado attaque encore trop alors qu'il ne s'est pas suffisamment approprié les particularités du circuit, mais aussi pendant la course, car sa soif de dépassement dépasse sa patience et il prend alors des risques inconsidérés.
Récemment, Maldonado a percuté Hamilton alors que tous deux pouvaient terminer sur le podium, à Valencia. Il a également tenté le tout pour le tout à Silverstone afin de ne pas se faire doubler par Pérez mais a alors manqué son freinage, entrainant un accrochage avec le pilote Sauber, qui a très vivement critiqué son pilotage par la suite. Aux essais du GP de Monaco d'ailleurs, on se souvient que Maldonado avait également accroché Pérez... On ne compte donc plus les innombrables accidents de Maldonado cette saison et encore moins ceux de la saison passée, mais une chose est certaine cependant : il s'est élancé en pole position à Barcelone en 2012 et a conservé cette position pour remporter le Grand Prix d'Espagne, faisant taire de nombreuses critiques. Cette fois, son pilotage, qui est souvent reconnu comme "agressif", a payé pleinement ! Pastor Maldonado est donc capable du meilleur, quand ses réglages sont parfaits et qu'il ne fait aucune erreur dans son week-end, comme du pire dès qu'une manœuvre de dépassement est en question.
Le souci qu'il rencontre est qu'il a une Williams irrégulière entre chaque circuit ; il souhaiterait se battre (légitimement) pour les premières places à chaque course sauf que sa FW34 n'en est absolument pas capable et est certainement l'une des F1 les plus difficiles à piloter de toute la grille - tout juste peut-elle rentrer dans les points de temps en temps, voire de manière très exceptionnelle (et surprenante !) viser la victoire sur quelques circuits qui peuvent convenir particulièrement lorsque les réglages de la monoplace sont en parfaite adéquation avec son pilotage, comme à Barcelone justement. Mais la Williams manque souvent de fiabilité technique et mécanique et cruellement de vitesse, notamment en virages. Il faut dire qu'elle use aussi beaucoup les pneus et qu'elle est également difficile à régler pour que le pilotage soit plus aisé. Tous ces paramètres expliquent donc qu'au bout d'un certain temps les pilotes puissent s'impatienter derrière une autre voiture et ainsi perdre leur concentration alors qu'ils sont obnubilés par la victoire mais roulent seulement pour obtenir la 15è place de cette course...
Pastor Maldonado est donc conscient de la tâche qui l'attend : il va devoir continuer à pousser fort pour reproduire des performances semblables à celle du GP d'Espagne tout en gardant son sang-froid lorsqu'il se trouve au milieu du peloton sinon les commissaires de course continueront à sévir en conséquence. Le pilote Williams a déclaré à ce propos : "Ce n'est pas toujours facile de conduire une Williams mais il faut également savoir prendre des risques pour être récompensé. Parfois cela ne marche pas et il y a un accrochage. Je pense que j'ai dû jouer trop souvent de malchance quand c'est arrivé. Mais il faut évidemment respecter les règles et quand elles ne sont pas respectées, les pénalités tombent. C'est comme ça."
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