Dans une déclaration faite à un journal britannique ce matin, le grand argentier de la Formule 1 Bernie Ecclestone a admis être impliqué directement dans l'affaire Gribkowsky. Parmi les sujets de conversations du paddock du GP d'Allemagne au Nürburgring, il en est un particulièrement délicat puisqu’il concerne Ecclestone en personne, impliqué dans cette affaire qui semble sentir le roussi.

Ecclestone a ainsi admis avoir versé l’équivalent de 44 millions de dollars sur le compte autrichien de Gerhard Gribkowsky, le représentant de la banque Bayerishe Landerbank dans les tractations de vente de la SLEC (la société détenant le contrat des droits commerciaux de la F1) à CVC Capital Partners (un puissant fonds d’investissements) en 2006. Cet aveu pourrait le contraindre à rendre des comptes auprès du procureur de Munich chargé de l’affaire, lequel a inculpé le banquier allemand pour fraude fiscale. Rappelons que Gribkowsky est aujourd'hui incarcéré dans une prison bavaroise depuis plus de six mois.

Bernie Ecclestone quant à lui a déjà été entendu par le procureur en mars dernier et il avait alors nié avoir versé le moindre argent à celui qui fut auparavant le président du directoire de la SLEC, en tant que représentant de la Bayerishe Landerbank. Ecclestone a donc fourni un faux témoignage et indique aujourd’hui ne pas avoir admis ce versement en suivant les conseils de ses avocats, qui lui recommandaient de ne pas émettre le moindre commentaire sur le sujet. Pour justifier le paiement d’une telle somme, le grand argentier prétend avoir cédé aux menaces de dénonciation alors proférées par Gribkowsky à propos du montage fiscal de sa holding familiale, Bambino Trust. En ajoutant qu’il n’avait rien à se reprocher, Ecclestone a pourtant laissé planer un doute, car si tel était bien le cas, on peut se demander pourquoi il aurait payé un tel montant.

Ecclestone doit normalement venir au Nürburgring ce week-end pour le GP d'Allemagne, justement. Sa position pourrait toutefois s’en trouver affaiblie dans le rapport de forces actuel qui l’oppose à Jean Todt, président de la FIA, et à la FOTA, en pleine période de négociations en vue du renouvellement des Accords Concorde qui déterminent notamment la répartition des revenus envers les différents acteurs de la Formule 1. On chuchote d'ailleurs que les actionnaires de CVC n’apprécient guère l'affaire - Ecclestone serait-il même contraint contre son gré de quitter son rôle de "propriétaire de la Formule 1" ?